Dans le livre, il vous est proposé d'expérimenter, de vous entraîner à ralentir le film de vos perceptions, d'apprendre à repérer les signaux faibles de l’émotion.

Vous pourrez aussi distinguer vos véritables besoins derrière les solutions que vous déployez et identifier ce que vous pouvez ajouter à ce que vous faites déjà pour retrouver votre équilibre en situation déstabilisante et nourrir vos besoins autrement que dans l’urgence, en innovant. »


Extrait de l'introduction

Nous sommes régulièrement surpris par certains comportements de notre entourage, voire par les nôtres, que nous ne comprenons pas toujours. Pourquoi Patrick ne répond-il jamais à mes messages ? Pourquoi Apolline s'énerve-t-elle alors que je fais tout pour lui faire plaisir ? Pourquoi mon enfant se met-il en colère dès que je lui adresse la parole ? Pourquoi suis-je tétanisé à l’idée de parler en réunion ? Pourquoi suis-je incapable de réagir face à une situation qui ne me convient pas ? Pourquoi reproduit-on souvent les mêmes comportements dans des situations différentes ? Autant d’interrogations récurrentes au cours des conversations amicales, familiales ou professionnelles.
...Chacun semble enfermé dans ses habitudes, ses stratégies, persuadé que c’est « la » solution pour subsister face au danger, à la menace ou à l’incertitude.

...Est-il possible de comprendre la genèse de nos comportements, leur raison d’être ? Se pourrait-il que nos habitudes comportementales entretiennent notre stress ? Nos émotions sont-elles en lien avec nos comportements ? Pourquoi la réactivité de l’autre vient-elle nous impacter ? Autant de questions auxquelles nous nous proposons de répondre.

...S’appuyer sur les neurosciences, c’est revenir à la biologie des comportements. Cela permet d’être au cœur de notre fonctionnement biologique, et de mesurer combien le corps et l’esprit sont intriqués.(…) C’est regarder autrement ce que nous avons mis en place au fil du temps.(…) Une fois que vous aurez apprivoisé vos émotions, que vous saurez comment nourrir vos besoins autrement, il sera plus facile de lâcher vos habitudes et de retrouver du libre arbitre.


Extraits du chapitre 4

Le mot « émotion » vient du verbe latin e-movere qui signifie « mouvoir », et du préfixe « e » qui indique « un mouvement vers l’extérieur ». L’émotion nous prépare, voire nous pousse à agir.

En 1690, le Dictionnaire de Furetière, l’un des premiers dictionnaires de la langue française, nous donne joliment à entendre l’importance du corps sans ignorer l’esprit : « ESMOTION : Mouvement extraordinaire qui agite le corps ou l’esprit, et qui trouble le tempérament ou l’assiette. La fièvre commence et finit par une petite émotion du pouls. Quand on a fait quelque exercice violent, on sent de l’émotion dans le corps. Un amant sent de l’émotion à la vue de sa maîtresse, un brave à la vue de son ennemi. »

Bien que très ancienne, cette définition donne à voir l’émotion comme un mouvement, évoquant l’aspect subit, le changement d’un état initial face à un évènement. Elle intègre l’environnement interne et l’environnement externe. Elle prend en compte le corps (la dimension physiologique), l’esprit (la dimension psychologique) et nos actions (la dimension comportementale). Autant d’éléments aujourd’hui repris et étudiés par les différentes branches des neurosciences.

 

Pour Antonio Damasio, l’émotion serait même à la source de nos cultures et de nos sociétés. Henri Laborit fut l'un des premiers à parler de la biologie des comportements. Il définit l’émotion comme « un mouvement corporel, neurobiologique, immédiat d’adaptation, lié à la perte de l’homéostasie (une modification transitoire de l’état de l’organisme) déclenché par un évènement précis (dont les causes sont spécifiques) ».

De façon instinctive, non consciente, « le système nerveux primitif réagit de façon à maintenir sa structure, la survie ». La mémoire de ce système est à court terme. Il parle également d’un mouvement qui s’étend dans le temps, mettant « en place une organisation nerveuse plus complexe liée au système limbique, aussi appelé le “cerveau de l’affectivité”. » Ici intervient la mémoire à long terme.

 

Au travers de cette définition, nous distinguons deux temps.

 

Un premier temps, « le temps corporel », correspond aux échanges d’informations dans notre espace corporel. Ultra rapide, inscrit dans l’instant, il concerne le temps réactif d’adaptation au présent. C’est le côté « Sauve qui peut la vie ! » ou « C’est plus fort que moi ! » On peut le comparer au phénomène météorologique de l’orage : un coup de tonnerre est suivi d’un éclair et souvent d’averses, puis la pression diminue. L’orage passe, le ciel s’éclaircit : c’est le retour du soleil. Il en est de même de l’adaptation dans l’urgence.

 

Le second temps, plus lent, fait intervenir le cognitif. Nous l’appellerons le « temps de l’esprit ». Il s’étend dans la durée et correspond au mode de la « sur-réactivité » : ce que nous mettons en place progressivement au fil des expériences vécues. Cette organisation dans le temps se construit en fonction du passé et en regardant vers l’avenir. C’est le côté « Mieux vaut prévenir que guérir » qui s’exprime. Nous devenons stratégiques et anticipons sur la sensation (douloureuse) du manque éprouvé dans le passé. En reproduisant ce qui a été satisfaisant dans l’urgence, nous garantissons notre besoin d’équilibre propice à la vie, espérant être épargnés de la sensation douloureuse ou de la frustration. La mémoire joue un rôle important dans l’émotion et donc dans nos comportements.

Ces deux temps constituent ce que nous appelons le processus émotionnel.